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Géraldine Dancer : une "Conteuse-Corporate"

Dernière mise à jour : 20 sept. 2020



Il était une fois le parcours hors norme de Géraldine Dancer, qui a su concilier de manière inédite le milieu banquier avec celui des histoires en développant le concept de "Conteuse-Corporate".


Quelle est ta formation et comment as-tu été amenée à t’intéresser aux contes ?


J’ai eu une formation classique, en école de commerce. Mon travail à la banque est de

travailler sur des textes réglementaires -très normatifs- qu’il faut que je traduise en solution

opérationnelle pour les commerciaux pour qu’ils puissent l’expliquer aux clients.

Petite, j’ai toujours adoré, en termes de livres de chevet, les 4 tomes des Livres d’Or qui m’ont fait

découvrir les contes merveilleux. C’est le seul souvenir d’enfance relatif aux contes que j’ai, à part

que j’habitais rue du Château. Je me souviens aussi qu’on avait proposé à ma mère que je saute une

classe et elle avait refusé en disant que j’étais tellement dans mon imaginaire et dans mes jeux

qu’elle voulait me laisser le temps de grandir. Je n’ai donc pas sauté de classe. Je me rappelle avoir

fait un magnifique dessin pour l’expert-comptable de mon père, qui représentait la caverne d’Ali

Baba. Je crois que déjà, j’aimais bien tout ce qui tournait autour du merveilleux, des trésors enfouis –

j’organisais des chasses au trésor dans mon jardin avec mes amis, je me déguisais tout le temps.

J’ai toujours beaucoup aimé la littérature, la philosophie et notamment les contes philosophiques.

J’ai ainsi participé au Concours Général de philosophie. A 12 ans, j’écrivais de la poésie et j’avais aussi

écrit un conte sur le Japon, qui s’appelait Fleur de Cerisier (c’était un conte étiologique, c’est-à-dire

qui explique d’où viennent les évènements ou les éléments). Il expliquait pourquoi le soleil se lève à

l’Est. Fleur de Cerisier était une jeune fille qui vivant une aventure, se retrouve prisonnière des glaces

tombant dans une crevasse de la montagne recouverte des neiges éternelles..Mais c’est sans

compter, le réveil du Mont Fuji qui vole à son secours pour la libérer : le volcan projette alors très

haut dans les nues, le bloc de glace qui la retient enfermée. Ce dernier vient alors se ficher sur son

sommet. Le conte expliquait alors que si tous les matins le Soleil se lève à l’Est, c’est pour tenter de

faire fondre la glace et libérer enfin Fleur de Cerisier.

Petite, je possédais donc déjà un côté saltimbanque et créatif. J’utilise le mot « saltimbanque » parce

qu’il n’y a pas de hasard - je l’expliquerai plus tard. Diplômée d’école de commerce, je commence ma

vie active et au bout de cinq ans, je rentre dans une banque qui a la particularité d’être très liée à

l’art – la famille fondatrice est à l’origine du musée Jacquemart-André – et à la transmission des

patrimoines financiers et culturels.


Comment commences-tu à te former sur les contes ?


A cette époque, je décide de faire un bilan de compétences parce que je me cherchais un peu. Je

découvre que je suis une « créative pure » et la professionnelle qui m’accompagne me ramène aux

contes. Dans Psychologie-Magazine, je repère une formation sur les Contes Merveilleux (Vivre la

Magie des Contes) donnée par Jean-Pascal Debailleul. Ce dernier a un parcours emblématique et

inspirant : du Droit aux Contes de Grimm, il a mis au point une transmission du message foisonnant

de Vie des Contes. Il montre qu’il y a une structure sous-jacente du merveilleux et que les contes à

travers un modus operandi précis sont une école de la vie.


Quand décides-tu de te mettre à conter ?


En parallèle de cette formation, je souhaite faire vivre les contes et cherche donc à devenir conteuse.

J’avais commencé à m’intéresser à l’art de la scène et aux évènements relatifs aux contes (la Semaine

de la Palabre dans le 92, le centre Daviel dans le XIIIeme arrondissement… ). Un jour, je passe à la

médiathèque de Rueil : elle propose des séances de contes « l’Ecoute aux portes », pendant lesquels

des personnes viennent raconter des contes aux enfants et parents. J’assiste à la séance du conteur

en chef, qui m’annonce que son contrat se termine. Je prends alors sa succession et je fais ça

pendant 3 ans, le mercredi et le samedi.

J’arrête de conter pendant quelques années, puis ma voisine me propose de rentrer dans son groupe

de conteuses. Il y avait une thématique tous les mois, sur laquelle nous devions faire des recherches

(par exemple, le pain) et écrire un conte.


Quelle(s) autre(s) formation(s) suis-tu par la suite ?


Je m’inscris en cours du soir à Sciences Po – (les Amphis 21), et suis une formation sur les mythes et

textes fondateurs. Il y avait beaucoup d’intervenants de grande qualité (Jean Claude Carrière,

Bernadette Bricout…) Je me rappelle d’un exposé sur le rôle du pouce dans les contes (Tom Pouce,

Poucette, bien avant que Michel Serres ne publie sa « Petite Poucette » etc. Tous ces textes

fondateurs sont venus enrichir mon patrimoine de contes.


Comment naît ton projet « Les Impromptus des Contes » ?


Il y a 2 ans, je suis allée à une soirée réseau dans le cadre de mon travail, dans un magasin de haute

joaillerie, et je discute avec la directrice générale de cette maison. Nous parlons de l’émotion qui

anime tout acte d’achat, des bijoux porteurs d’histoires… Après avoir expliqué mon parcours, je

partage également ma passion pour les contes. Elle me propose alors de travailler en tant que

conteuse pour des évènements clientèle pour une nouvelle ligne de bijoux. Je me suis dit qu’il fallait

que je réenclenche le sujet.

A l’heure où je souhaitais mettre en équivalence mon côté rationnel et mon côté spirituel je me vois

ainsi proposer cette intervention originale du conte dans le monde de l’entreprise pour promouvoir

ce supplément d’âme : le matériel est important mais le côté spirituel est fondamental. Je ne voulais pas

basculer complètement dans le côté intermittent du spectacle. Je n’avais pas encore trouvé la voie

de réconciliation entre les deux.

Je crée donc mon entreprise, les Impromptus des Contes, et je développe le concept de Conteuse-

Corporate, qui me permet la réconciliation entre mon côté rationnel et « saltimbanque ». J’utilise d’ailleurs cet adjectif exprès. Le mot banque vient de l’italien banca, qui désigne un banc en bois où se faisait l’échange d’argent mais où se produisait également les saltimbanques. Les deux mots ont donc la même origine. De même, les mots « compte » et « conte » sont homophones.


Quel est le principe d’une Conteuse-Corporate ?


Mon rôle consiste à proposer une intervention courte, à l’oral comme à l’écrit, sur-mesure (Un

Impromptu) afin d’ajouter un supplément d’âme à un produit, une collection, un évènement

clientèle ou d’entreprise. Je puise dans un vaste répertoire de contes pour travailler la thématique

souhaitée pas le client ; j’écris un (des) contes ou une « randonnée de contes » que je peux raconter

selon la demande.

Mon but est que le conte ne reste pas cantonné à sa dimension littéraire, mais investisse aussi le

champ de l’entreprise même s’il peut paraître fermé à cela. Nous sommes tous bercés d’histoires, et

d’ailleurs l’entreprise a récupéré cette idée avec le « storytelling ». Les émotions prennent de plus en

plus de place dans la vie de l’entreprise et l’on recrute de plus en plus sur l’intelligence émotionnelle.

Les mad skills – capacités créatives - ont d’ailleurs tendance à être de plus en plus mis en avant par

rapport aux hard skills –compétences techniques -et les soft skills –compétences comportementales-.

Après je ne suis pas naïve, je sais bien que mon intervention a pour but de rechercher un plus client

en provoquant de l’émotion.


Avec quelles entreprises as-tu eu l’occasion de travailler ?


Dernièrement, j’ai écrit un conte pour la fondatrice de L’Association « BE LOVE BE HAPPY (*)« qui

récompense les Initiatives du Cœur - elle a récemment décerné son prix aux Cafés Joyeux (**) .

J’ai également récemment reçu une demande d’une avocate qui écrit une newsletter mensuelle dans

laquelle elle explique des notions juridiques, et qui voudrait que j’y inclus des contes.

Pourquoi parles-tu des contes comme « d’une école de la vie » ?

Le conte permet une ouverture sur l’inattendu. Je pense qu’il faut secouer la réalité pour que des

opportunités viennent. Les contes nous rappellent les lois cosmiques (ce qui est en Haut est en Bas,

la Transmutation/Transformation en Or, la Réconciliation des Contraires : Einstein disait : « Les plus

grands génies sont ceux qui arrivent à faire tenir des contraires ensemble un peu plus longtemps que

les autres ».


(*) Laurence Dujardin

(**) Entreprise fondée par Y. Bucaille qui emploie des personnes handicapées mentales


Merci encore à Géraldine Dancer pour le partage de son expérience, et rendez-vous sur www.lesimpromptusdescontes.com pour ceux qui voudraient en savoir plus !


Interview d'Alix



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